vendredi, novembre 18, 2005

Un long, très long périple...


J’allais bien dans les derniers jours. Je prends de l’Oméga 3 depuis quelques semaines qui serait, aux dires de certains médecins, un substitut naturel aux antidépresseurs. Je me sentais donc, depuis quelques jours, de meilleure humeur. Un peu moins épuisée.

Mais pas depuis ce matin. Ce fût un matin où j’ai dû recourir à toute ma volonté pour me sortir du lit. Je savais que la journée serait pénible. J’ai eu un petit regain d’énergie durant la journée grâce à des collègues de travail et des clients agréables qui m’ont aidé à afficher un sourire.

Puis je suis arrivée chez-moi et je me suis écroulée. Je n’ai qu’une envie : pleurer, pleurer et pleurer. Mais ce ne sont pas des larmes qui soulagent. La douleur est trop intense pour que quelques pleurs m’apportent un quelconque réconfort. Dans toutes ces démarches que je fais pour l’IVAC, je dois ressasser tous les moments pénibles de mon existence. Jusqu’à maintenant tout avait relativement bien été mais ce soir, c’est une toute autre histoire. Je n’arrive plus à me détacher de mon passé. Je suis redevenue la petite fille que l’on abuse. Celle que l’on a pénétrée à 4 ans. Celle que l’on a agressée encore et encore. Je redeviens les poignets liés. Et ça me brise.

Les séquelles laissées par ces abus se précisent au fur et à mesure que je chemine. J’ai été « gelé » si longtemps, à ne rien ressentir lorsque je pensais à ce que j’avais subi, comme si c’était une autre que moi qui avait eu cette vie. Mais, je ne peux plus faire semblant. À force d’entendre les spécialistes et les professionnels de la santé grimacer devant mon passé, j’en suis venue à comprendre l’ampleur des horreurs que j’ai subies. Et bien que je ne veuille pas m’apitoyer sur mon sort, je crois qu’il est vraiment temps que je m’ouvre les yeux une bonne fois pour toute. Que je regarde mon passé dans les yeux. Sans lutter contre lui. Mais plutôt comme si je désirais faire plus ample connaissance avec lui.

Parce que bien que difficile, ce passé m’appartient. J’ai été cette petite fille qui a eu froid dans le fond de son cœur. La petite fille qui tentait de comprendre pourquoi tous ces gens qui disaient l’aimer lui faisaient mal. La petite fille que plus rien ne parvenait à consoler, autre que de faire semblant que rien n’était arrivé.

Parce que j’ai 30 ans. Que je souffre encore dans le fond de mes tripes de tous ces abus que j’ai subis. Et que je n’ai plus envie de faire comme si ce que j’ai vécu était normal et ne m’avait pas trop touchée. Je suis faite de chair et de sang, comme tout le monde. J’ai souffert. Des parties de moi sont mortes. Et je souffre encore. Je me dois enfin de m’approprier ma vie, aussi dégueulasse a-t’elle pu être par moment. Parce que je suis devenue ce que je suis devenue grâce à elle. Et que je n’ai plus envie de me détester pour ce que je suis devenue. J’ai envie de réaliser moi aussi que j’ai fait du mieux que j’ai pu. De ne pas seulement le lire dans les yeux des autres que je suis devenue quelqu’un de bien. Mais de le ressentir jusque dans le plus profond de mon être. J’ai envie d’apprendre à m’aimer. À aimer ce que je vois dans le miroir. À aimer la femme que je deviens peu à peu. Mais pour l’aimer totalement cette femme qui devient, je dois aller à la vraie rencontre de la petite fille que j’ai été. Et ce périple m’apparaît très difficile ce soir…

mardi, novembre 15, 2005

Heureux présage?


Lorsque mon chum est venu à ma rencontre la première fois, il faisait une incroyable tempête de neige. Il avait 3 heures de route à faire dans des conditions favorables. Mais, il lui en avait pris 4 heures pour se rendre jusqu’à moi. Cette tempête avait alors été le tableau de fond du début d’une grande histoire d’amour.

Aujourd’hui, il ne fait pas tempête. Mais le temps est gris. La neige fine s’est tranquillement changée en grésil. Mon chum est en ce moment sur la route. Il vient passé une entrevue à Montréal. Pour un travail qui pourrait enfin mettre à mort tous ces kilomètres entre nous. Un travail qui pourrait être le départ d’une véritable vie à deux puisque mon chum aménagerait avec moi, quittant son petit coin de pays où les emplois se font trop rares.

La température peu clémente a été, il y a presqu’un an, le témoin silencieux d’un amour naissant. Aujourd’hui, j’espère que cette pluie mêlée de glace est l’heureux présage d’une nouvelle vie sous des cieux plus cléments pour nous deux.
Je ferme les yeux et je prie...

jeudi, novembre 03, 2005

Mon prochain combat...


Ce soir, j'ai envie de prendre le temps de vous parler de mon prochain combat.
Celui de me faire reconnaître comme étant une victime d'actes criminels et de pouvoir recevoir les traitements auxquels j'ai droit.
Hier, pour un de mes problèmes de santé, j'ai consulté un nouveau médecin qui m'a été recommandé. Je suis tombée sur un homme de coeur. Un médecin qui m'a expliqué que j'avais des droits. Que l'IVAC devrait payer tous ces traitements que je suis incapable de me payer, faute d'argent.
J'ai fait de nombreuses séances de psychothérapie. J'ai reçu plusieurs traitements de physiothérapie. J'en reçois encore et je devrai en recevoir bien d'autres encore. J'aurais besoin d'un arrêt de travail parce que je suis à bout, épuisée. Mais je n'ai pas les moyens de tout payer ça. Et mon état se détériore.
Quand j'ai vu ce médecin, je ne m'attendais pas à une telle rencontre. D'abord je ne savais pas que la raison de ma consultation pouvait être reliée à mes agressions sexuelles. Donc ma première surprise s'est produite à ce niveau. Et quand il m'a dit que malgré les années passées, je devais faire valoir mes droits et me battre contre l'IVAC afin de me faire reconnaître comme une victime d'actes criminels, c'est comme s'il m'avait donné un coup de 2 par 4 en pleine face.
Je suis tellement épuisée. Il m'a avisé que la bataille serait sans doute difficile. Il m'a assuré de son appui tout au long du processus. Parce qu'évidemment, les abus dont j'ai été victime remontent à de nombreuses années. 27 ans pour les premiers. 10 ans pour le dernier. Théoriquement, on a un an pour déclarer une agression à l'IVAC. Je suis donc très loin de ce délai. Mais j'ai consulté de nombreux spécialistes dans les dernières années qui pourront témoigner de mon cheminement. Évidemment, je m'attends à un refus. Mais je contesterai.
Je me battrai contre cette grosse machine gouvernementale. Parce que j'ai le droit à certains traitements qui m'aideront à reprendre le dessus. Parce que j'ai le droit de pouvoir me reposer après toutes ces batailles. Je n'ai aucunement envie de profiter du système. Je veux juste obtenir ce que je suis en droit d'obtenir comme traitement minimum afin de me rétablir complètement, ou à tout le moins, le plus possible.
Je sais que je conserverai toujours certaines séquelles. On ne peut effacer autant d'abus. Mais je sais que je peux guérir certaines choses. Avec de l'aide.
Hier, je ne voyais plus la lumière au bout du tunnel. Mais ce soir, je l'aperçois. Oui, je sais que ce sera difficile d'aller les convaincre sans preuves tangibles de tous ces abus qui ont été perpétré à mon endroit. Ce sera difficile de leur expliquer pourquoi j'ai mis tant d'années avant de m'adresser à eux. Ce sera difficile de demander leur aide parce que j'ai pas l'habitude de faire ça. Mais je le ferai. Pour moi. Et pour toutes celles qui ont un passé d'abus comme le mien et qui pensent qu'il n'existe aucune ressource pour les aider.
Tel sera mon prochain combat.
Pour l'instant, un dernier dodo, une dernière journée de travail et je m'en vais rejoindre mon amoureux. Faire le plein de câlins, de bisous, d'amour et de rires.
Et après, après, la guerrière reprendra du service.
Un petit mot pour Audovère: peux-tu essayer de me rejoindre par courriel à pitounskyblog@hotmail.com parce que malgré mes nombreuses tentatives, je suis incapable de te rejoindre!
Image tirée du site: http://www.renderosity.com
Artiste: Tiari
Nom de l'oeuvre: Cancer