samedi, octobre 08, 2005

La fragilité de la vie...

Depuis juillet, j'habite le sous-sol de la maison de ma grande chum Ju et de son copain P. Elle m'a proposé d'y faire mon petit nid après avoir vécu durant deux ans des mésaventures dans mon logement précédent qui ont fini par ruiner ma santé physique et psychologique.
Mercredi soir, j'étais donc confortablement installée dans mon petit chez-moi. Assise devant mon ordinateur. Le coeur léger. À discuter par voie électronique avec mon chum. À lire par-ci par-là quelques lignes d'un roman captivant.
P. me crie "est-ce que tu m'as entendu?" en descendant les escaliers. Je lui réponds que non. Il me dit de façon trop calme, beaucoup trop calme et stoïque que Ju a eu un accident de voiture. Après lui avoir demandé à quelques reprises s'il ne me faisait pas une mauvaise blague, après avoir assimilé la réalité, mon sang s'est glacé.
J'aime cette fille comme j'ai aimé peu d'êtres humains dans ma vie. Parce que ceux qui entrent dans mon coeur sont des privilégiés tant ils sont peu nombreux. Et que Ju avec son dynamisme, son côté enfant et sa grande générosité a su y faire sa place comme peu d'autres. Juste à la pensée d'avoir pu la perdre mon coeur se serre. Les larmes me montent eux yeux.
Et puis, j'étais là, chez-moi, à l'imaginer vivre ces instants d'horreur quand j'ai réalisé que j'aurais dû être là, avec elle, ce soir-là. Ju et moi travaillons ensemble. Souvent, le mercredi, il m'arrive de rester plus tard au boulot et on revient ensemble à la maison. C'est ce que je devais faire ce soir-là. Mais pour toutes sortes de raisons, j'ai quitté les lieux de notre travail à 17 h 00.
Lorsqu'elle est entrée à la maison environ 3 heures après son accident, je suis montée la serrer légèrement dans mes bras étant donné son état alors que j'aurais voulu la serrer si fort! Je lui ai dit combien je l'aime. Elle m'a regardé dans les yeux et elle m'a dit "j'suis tellement contente que tu ne sois pas restée, que tu n'aies pas été avec moi".
Pour résumer l'accident, c'est une pétasse dans son gros Durango qui a cumulé les distractions pour finir par entrer directement dans la petite voiture de Ju, du côté passager. Aucune trace de freinage du Durango n'a été observée. L'auto de Ju est une perte totale, tant l'impact a été violent. Le siège où j'aurais dû prendre place a été soulevé. Le coffre à gant embouti et presqu'entièrement déplacé vers la gauche. Le frame crochi.
Ju se remet tranquillement de ses blessures. Elle est évidemment ébranlée. Physiquement, elle est dans un sale état même si elle n'a aucune blessure "grave" en apparence.
Et moi, depuis ce soir-là, je réfléchis beaucoup. Parce que j'aurai dû être là. Parce que pour la 2e fois de ma vie, la mort n'a pas voulu de moi et me l'a signifié. Parce que la vie me donne une troisière chance. Et que j'ai envie d'en profiter malgré l'état psychologique dans lequel je suis depuis de nombreux mois.
Ce matin, je quitte pour aller rejoindre mon homme. Plus que jamais j'ai hâte de le serrer dans mes bras. Parce que j'aurais pu ne plus jamais avoir le bonheur de le tenir contre moi. Et je réalise encore plus combien l'aimer et en être aimée en retour est un privilège. Et combien mon amitié avec Ju est un don du Ciel.
Je n'ai pas encore la force de dire merci à la vie. Je suis encore un peu trop amère face à toutes ces épreuves qu'elle m'a envoyées. Mais j'en réalise la fragilité. Demain, dans une heure, tout peut s'arrêter. Ce soir, dans 2 minutes, on peut perdre l'être qui compte le plus pour nous. Alors, non, je ne peux pas encore dire merci. Mais je vais dorénavant faire en sorte de vivre ma vie en fonction de n'avoir aucun regret.

4 Comments:

<$BlogCommentAuthor$> said...

<$BlogCommentBody$>

<$BlogCommentDateTime$> <$BlogCommentDeleteIcon$>

Publier un commentaire

<< Home