dimanche, octobre 02, 2005

Au-delà des apparences...


Un peu plus tôt dans la journée, j'étais au Terminus de Longueuil afin d'attendre l'autobus qui me ramènerait chez-moi.
Assises par terre, il y avait trois adolescentes. Elles riaient. Elles regardaient et comparaient leurs achats du jour. L'une d'elles a particulièrement attirée mon attention. Elle était grosse. Elle était laide. Juste à vous l'écrire, je me sens mal. Mais c'est la stricte vérité. Aucun des traits de son visage n'étaient harmonieux; un nez beaucoup trop long, une bouche beaucoup trop petite, un menton fuyant et des yeux d'un bleu délavé. Elle avait les cheveux en bataille. Portait un immense chandail noir informe. Une longue jupe en jeans avec un appliqué fleuri de couleur lilas au bas. Et elle portait d'ignobles bas orange éclatant avec des pois blancs et des chaussures de skater bleues!
Je vous parle de cette adolescente sans aucune méchanceté. Parce que ce qui a d'abord attiré mon regard sur elle, c'est qu'après avoir ri de la blague d'une de ses copines, elle a soulevé la tête et mes yeux ont croisé les siens. J'y ai lu tant de choses.
Ses yeux m'ont parlé de la douleur qu'elle éprouve en se regardant dans une glace. De la peur qu'elle a de ne jamais être aimée par un garçon. D'être si différente de ses amies. Du peu de chance qu'elle a eu d'hériter d'un physique aussi ingrat.
J'aurais voulu lui parler. Lui dire que je comprends ce qu'elle éprouve. Lui dire qu'au fond de moi, je souffre du même mal qu'elle. Celui de me sentir monstrueuse. Lui dire que je suis chanceuse d'avoir un homme qui m'aime, me désire et me trouve belle mais que je suis morte de peur à l'idée qu'un jour il me voit telle que je suis: difforme, laide, monstrueuse. J'aurais voulu lui dire que sa douleur est aussi la mienne. J'aurais voulu la prendre dans mes bras et la bercer.
Mais même si j'avais voulu, je n'aurais pu le faire. Parce qu'au fond de ses yeux, outre la souffrance et la honte, j'y ai lu son mépris pour moi. Parce qu'elle, tout ce qu'elle a vu et retenu de moi, ce sont mes 102 livres, mes vêtements ajustés et le regard des hommes qui s'attarde sur moi.
Au fond, je ne sais pas laquelle de nous deux a eu le plus de chance. Est-ce que c'est celle chez qui les chaînes sont visibles même de l'extérieur ou encore celle qui portent en elle des chaînes qui sont invisibles pour autrui?

Image tirée du site: http://www.renderosity.com

Artiste: Turtle

Nom de l'oeuvre: Wall of glass

2 Comments:

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