dimanche, mai 22, 2005

Survivre à l'inacceptable...

J'avais 19 ans et toute la vie devant moi. Puis, subitement, un trou noir, le corps meurtri, la terreur au fond du ventre et l'impression de revenir de loin, de très loin. Seule, j'ai pansé mes plaies, mes bleus, sans savoir comment ils étaient apparus. J'étais morte de peur, mais de qui, de quoi, je ne le savais pas. J'avais un gouffre à la place du coeur et je ne comprenais pas d'où il venait.

Et puis un jour, le soleil est revenu dans ma vie. Comme toutes les filles de mon âge, j'ai ressenti un élan naturel pour un beau jeune homme et, j'ai pensé que tout irait pour le mieux. Mais, lorsqu'il m'a touché, j'ai vomi. Et lorsque les vomissements ont cessé, la terreur s'est emparée de mon âme, de mon corps. Comme tout le monde, j'ai cru mon heure arrivée lorsque cette crise d'angoisse a pris possession de moi. Et j'ai compris qu'une partie de moi avait été brisée. Je lui ai demandé de partir. De partir et de ne plus revenir.

Plusieurs années se sont écoulées avant qu'un autre homme m'approche. J'avais peur. Peur que les vomissements et l'angoisse reviennent. Et ils sont revenus. Mais je me suis entêtée. Et, je me suis confiée à cet homme. Croyant qu'avec le temps, tout rentrerait dans l'ordre. Après 3 mois et 25 livres en moins, je me suis avouée vaincue. J'ai rompu, la mort dans l'âme.

J'avais beau consulter, je ne savais pas contre quoi je me battais. Mais je savais que pour guérir, il fallait que je me souvienne. Et j'avais si peur. Je n'avais aucune idée de ce qui se cachait dans les tréfonds de mon âme mais je savais que c'était horrible. Parce qu'une partie de moi était morte ce jour-là...

Puis, j'ai rencontré un psychologue, un homme fantastique, qui a dit pouvoir m'aider. Il m'a fallu du temps, de la persévérance et de la patience pour que ces souvenirs remontent. Ils revenaient au compte-goutte. Pour me laisser le temps de les assimiler sans faire voler ma psyché en éclat cette fois-ci. Je suis allée d'horreur en horreur. 8 ans après le drame, j'ai revécu chacune des atrocités que cet homme m'a fait subir. Et la plus douloureuse d'entre elles a été de prendre conscience qu'un jour, un homme a tenté de m'enlever la vie. Qu'il a cru avoir ce pouvoir sur ma vie.

10 ans plus tard, mon corps a conservé des blessures de cette froide nuit d'octobre. Je souffrirai de migraines jusqu'à la fin de mes jours, mais c'est si peu considérant les coups que j'ai reçus à la tête. 10 ans plus tard, je découvre encore l'ampleur des horreurs; de récentes radiographies pour des problèmes de dos m'ont permis de découvrir les multiples fractures aux côtes que la pelle et les coups de pieds ont imprimé sur mon corps.

Et il y a ces cauchemars qui peuplent mes nuits. Toutes mes nuits depuis deux ans. Ce drame que je revis et revis, soir après soir. La lame de son couteau sur ma peau. Les liens autour de mes poignets et des mes chevilles. Le bâillon sur ma bouche. Et la peur, surtout la peur.

Je n'ai connu que quelques nuits de paix. Celles que j'ai connues auprès de E. Parce qu'avec son amour et sa douceur, il a su chasser ces horreurs de ma tête. Avec son corps contre le mien, plus rien ne pouvait m'arriver. J'étais en paix.

Aujourd'hui, E. n'est plus là. Et, les cauchemars sont revenus. Et j'ai peur. Si peur.

J'ai 30 ans. Toute la vie devant moi. Et bien des horreurs derrière moi.

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