jeudi, mai 26, 2005

Courage ou orgueil?

Depuis quelques jours, je m'interroge sur le sens du mot courage. J'ai même été voir la définition que mon dictionnaire en donne.

Courage, selon "petit Larousse illustré 1984": Fermeté, énergie morale en face du danger, de la souffrance, des échecs. ║ Ardeur mise à entreprendre une tâche: travailler avec courage. ║ Avoir le courage de faire quelque chose, en avoir la volonté plus ou moins cruelle. ║ Prendre son courage à deux mains, faire appel à toute son énergie.

Le mot courage est souvent employé par les gens qui apprennent d'où je viens. Moi, j'ai toujours envie de répondre que je ne suis aucunement courageuse. J'ai fait face aux choses qui me sont arrivées parce que c'était ma seule façon de survivre. Et, j'ai un instinct de survie très développé parce que j'ai été mise en position de survie relativement jeune dans ma vie.

J'ai connu mon premier abus sexuel à l'âge de 2 ans. À un âge où on devrait jouer à la poupée, courir dans les champs. Pour survivre, j'ai dû me faire croire que mon grand-père ne me faisait pas de telles choses. Mais, je suis devenue vieille. Je n'étais déjà plus une enfant. Et il m'a fallu aller à la découverte de la petite fille que j'ai été avant cet abus pour réellement savoir qui je suis. Parce que si les drames qui ont ponctué ma vie m'ont façonnée, j'étais quelqu'un avant tout ça. J'étais une petite fille au tempérament doux, calme. J'étais souriante, joyeuse même. Depuis que je suis allée à la rencontre de la petite Pitounsky, j'apprends à la retrouver. À retrouver cette joie en moi. À reconnecter avec la douceur et le calme qui m'ont jadis habitée. Et je suis encore surprise de constater combien je suis différente de ce que j'ai toujours cru être.

Ne pas avoir baisser les yeux face à mon agresseur d'il y a 10 ans. Lui avoir cracher au visage. Pour moi, ce n'était pas du courage. C'était un genre d'orgueil (bien placé!). Il n'était pas question que je lui procure le plaisir de pleurer devant lui. Il n'était pas question que je lui procure la joie de me briser ne serait-ce que quelques secondes. Il a fait ce qu'il a voulu de mon corps, oui, et survivre a été ma plus grande victoire. Parce qu'il n'a pas été le plus fort. Il ne sera jamais le plus fort. J'ai été plus forte que lui...

Et pourtant, je n'aime pas non plus quand on dit que je suis forte. Que je suis une survivante. Moi, quand je me regarde je ne vois qu'une pauvre fille qui a fait du mieux qu'elle a pu avec la vie qu'elle a eu. Avec une mère un peu folle. Avec un père mou. Avec des méchants loups qui ont pris son enfance et sa jeunesse. Avec une bête qui a voulu prendre sa vie...

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