vendredi, juin 10, 2005

Elle reviendra...

Aujourd'hui, je vais mieux. Beaucoup mieux. Je reviens d'un court séjour en enfer. J'ai pris le temps d'analyser ce séjour, comme tous les autres auparavant. Et j'ai réalisé tant de choses.

Pourtant, les mots restent encore pris dans ma gorge. J'ai tellement de difficultés à vous parler de ces deux jours. Vous parler d'inceste, de viol, c'est plutôt facile pour moi. J'ai été victime de ça. Je ne peux pas me blâmer pour ces choses-là.

Mais vous parler de ces deux jours difficiles que j'ai passés, j'en suis pas capable. Je voudrais pouvoir vous raconter ce qu'il s'est passé. J'ai rien à dire. Il n'est rien arrivé. Au fond, la vérité est là. Durant deux jours, j'ai voulu mourir. Mourir pour rien. Personne n'a été méchant avec moi juste avant. Je n'ai perdu personne. Ma relation avec E. se porte mieux que jamais. Ma vie de lundi lorsque je me suis endormie était identique à ce qu'elle était lorsque je me suis réveillée le lendemain. Mais pourtant, tout avait changé.

Je me suis réveillée avec une seule pensée en tête: j'étais une fille monstrueuse. Je me suis levée en me percevant comme une chose dégoûtante, laide. Un déchet. Je ne valais rien. Je n'allais nulle part. Et je n'irais nul
le part. Tout devait s'arrêter ici.

Je suis une fille d'honneur. Je me suis tout de même botter le cul pour me rendre au boulot. Le coeur en charpie. Les larmes au bord des yeux dès que ma tête et mon coeur avaient un instant pour se remettre en marche. Mon seul refuge: les gens à qui je devais sourire au boulot parce que je travaille dans le public. J'étais la même à leurs yeux. Souriante, vivante, dynamique, sympathique. À l'intérieur de moi, c'était pourtant la mort.

J'ai cherché pourquoi la mort revenait rôder. Je me suis questionnée. J'ai pris le temps de pleurer aussi. Et je me suis couchée mardi soir en espérant que...

Mais le lendemain, le mal était encore plus grand. La mort s'était aussi emparée de mon corps. Je n'avais plus d'appétit. Je n'avais pas dormi. Et toujours, cette certitude d'être une fille monstrueuse. Qui ne vaut rien. Je m'accrochais à ma belle fin de semaine avec E. À ses mains sur mon corps. À son désir. Mais la mort, l'idée de la mort ne me quittait pas.

Et je me suis rappelée que durant ce week-end, j'avais proposé à E. que l'on vole un "wanabago" et de s'enfuir ensemble aux États-Unis. Changer de pays. Changer de vie. Nous nous sommes mis à rêver à ce que pourrait être cette nouvelle vie. Une conversation légère, drôle, où tout est permis.

Puis, je me suis rappelée de mon chum de mes 14 ans qui disait toujours vouloir partir en voyage, sans jamais partir. Il a fini par le faire son voyage; il s'est pendu.

J'ai compris que ce que j'avais proposé de façon badine à E. reflétait plutôt un profond malaise. Malaise que je ne veux pas voir. Mais qui est là. Depuis un an.

Voilà, ce soir, c'est tout ce que je peux vous raconter.

Je vais mieux. Ce matin, la mort était partie. Mais je sais qu'elle reviendra. Et elle le fera tant que je n'aurai pas réglé mes comptes avec la vie...

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