dimanche, novembre 19, 2006

Gelée "bord en bord"

Comme plusieurs blogueurs, j'ai été happée de plein fouet par le post de Philippe-A. Suffisamment pour rompre le silence et pour pondre mon premier texte depuis des lunes sur cette tribune.

Je l'ai déjà dit dans ce blogue, la mort rôde autour de moi depuis longtemps. À l'âge où les petites filles jouent aux poupées, moi je savais déjà que j'avais ce choix: vivre ou mourir. La première fois où j'ai flirté avec la mort, j'avais 7 ou 8 ans. J'errais dans les corridors de l'hôtel qui nous tenait lieu de maison et je souhaitais mourir tant le sentiment de solitude en moi était fort. Le sentiment d'être différente aussi. De ne pas être comme les autres enfants.
Depuis l'âge adulte, j'ai souvent eu mal au point où je me suis dit que la mort serait sans doute une solution. Pour quiconque aura un peu suivi mon parcours par le biais de ce blogue, vous comprendrez. Je n'ai par contre jamais passé à l'acte. Il s'agissait de pensées vagues et je n'avais pas de scénario clair comme tel.
Il y a presque deux ans, un homme est entré dans ma vie. J'en ai parlé abondamment ici, à l'époque où je vous étais beaucoup plus fidèle! Cet homme m'a redonné l'envie de me battre. Pas pour lui. Mais pour moi. Parce qu'enfin, je sentais que je méritais d'être aimée. Cette relation a été pour moi un cadeau du Ciel, malgré nos difficultés du début causées par notre vécu respectif.
Depuis plusieurs mois, nous avons une belle relation. Nous habitons ensemble. Nous avons créé notre petit nid. Nous sommes très amoureux. Et nous songeons même à avoir un enfant. J'y reviendrai sans doute dans un autre texte.
Pourtant, il y a presque deux mois, j'ai voulu en finir. Parce que malgré cet amour qui m'habite, la violence du gouffre qui s'ouvre sous mes pieds est parfois tellement plus grande, tellement plus forte. Les câlins, les mots doux ne sont alors plus qu'un baume...
Ce soir-là, j'étais dans notre chambre. J'étais prête à mettre mon plan à exécution. Chaque jour depuis une semaine, je me levais avec l'idée d'en finir. Avec cette douleur au creux du ventre qui ramasse tout sur son passage. Je n'en pouvais juste plus de me battre contre ces monstres. Ils avaient eu ma peau. Je la leur livrais sur un plateau d'argent et j'espérais qu'eux, ils allaient pourrir en enfer.
Ce fameux soir de septembre, par le fruit des hasards, je ne me suis finalement pas enlevée la vie. Faut croire qu'elle avait d'autres plans pour moi. Mais je peux comprendre Audrey. Parce que moi aussi, l'amour de mon chum, aussi grand, aussi beau, aussi partagé soit-il, ne m'aurait pas empêché de commettre l'irréparable.
Plus rien ne me retenais. Pas même le vert de ses yeux. Pas même la chaleur de son étreinte. Parce qu'en dedans de moi, l'hiver faisait rage depuis trop longtemps. J'étais gelée. Gelée "bord en bord".
Parce que la souffrance, c'est ce que ça finit par faire. On ne sent plus rien. Rien d'autre que sa foutue présence à elle. Elle prend toute la place. Et, nous devenons imperméables à l'amour d'autrui. Et de l'amour pour nous même, rendus à ce stade, nous n'en avons plus. C'est d'ailleurs pourquoi nous nous sommes rendus si profondément dans la souffrance. Parce qu'un jour, une ou des personnes nous ont fait sentir que nous n'étions rien. Que nous ne valions rien. Et, nous y avons cru.

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